Actualité


Saison 2011-2012 :

Jeudi 1er mars 2012: Concert de musique baroque Mexicaine.

Vendredi 23 Mars 2012: Musique Légère, opérette et opéra comique.

Samedi 12 et Dimanche 13 Mai 2012: Création Contemporaine.

Vendredi 28 et Samedi 29 Juin 2012: Musique de la Renaissance : Chansons Grivoises.

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La musique baroque

   Le travail musicologique ressemble souvent à une enquête longue et laborieuse, menée avec passion et enthousiasme, mais aussi beaucoup d'humilité, et dans l'espoir que ce qu'on n'a pu ou su trouver, expliquer, livrer à la lumière, le sera peut-être par d'autres à l'avenir. Ce travail de recherche est particulièrement enthousiasmant pour la période baroque qui, depuis quelques années, connaît un regain de succès tant du point de vue musical que du point de vue artistique en général : on ne compte plus les livres et les expositions qui font revivre cette période. Restituer des oeuvres d'après les manuscrits originaux est un travail passionnant qui fait revivre les grands compositeurs de cette période qui s'étend de la fin de la Renaissance jusqu'au siècle des Lumières.

 


Nos compositeurs favoris


   Claudio Monteverdi est né en mai 1567 à Crémone. Il appartenait à une famille aisée de cinq enfants. Son père, Baldassare Monteverdi, était un médecin réputé. L'un de ses frères, Giulio Cesare (1573- ?), compositeur de talent, devint son assistant à la cour de Mantoue et contribua activement à la diffusion de son œuvre. Claudio fut l'élève de l'un des plus remarquables maîtres du temps, M.A. Ingegneri,musicae perfectus de la cathédrale de Crémone depuis 1576. Il s'initia ainsi à la grande tradition polyphonique de la Renaissance italienne. A quinze ans, il publia ses premières oeuvres (Sacrae Cantiunculae tribus vocibus), suivies des Madrigali spirituali (1583) et des Canzonette à trois voix (1594). Il n'avait pas encore vingt ans (1587) lorsque parut son premier Livre de Madrigaux à cinq voix. Ce recueil témoigne d'une maîtrise extraordinaire : Monteverdi n'avait plus rien à apprendre dans le domaine de la polyphonie traditionnelle. En 1590, il fut engagé par le duc de Mantoue, Vincenzo Gonzaga, comme joueur de viole et chanteur ; il sera nommé Maestro di capella en 1602, après la mort de Pallavicino. Il passa plus de vingt années à la cour de Mantoue, où il épousa en 1595 la chanteuse Claudia Cattaneo, qui mourut en septembre 1607 en lui laissant deux fils. Très atteint par la mort prématurée de son épouse, il composa cependant en 1608 un nouvel opéra, Arianna, dont nous ne possédons plus aujourd'hui que le célèbre lamento et la musique du ballet des ingrates. Puis en 1610 il dédia au Pape ses Vêpres de la Vierge, qui marquent l'apothéose du style concertant.

   A la mort du duc Vincenzo en 1612, Monteverdi, déjà en proie à des difficultés financières avec la cour, fut congédié par le nouveau souverain, peu sensible à la musique. Nommé maître de chapelle de la basilique Saint-Marc de Venise en 1613, il devait passer dans la Sérénissime les années les plus heureuses et les plus fécondes de sa vie. Il cultiva abondamment la musique sacrée, tout en continuant à faire évoluer le genre du madrigal : ses VIe, VIIe et VIIIe livres parurent entre 1614 et 1638. De nouveau touché par la mort d'un de ses fils, emporté par l'épidémie de peste qui ravagea Venise en 1631, Monteverdi entra dans les ordres l'année suivante. Il poursuivit toutefois sa carrière de musicien de théâtre, composant encore trois ouvrages lyriques :Adone (1639), Le retour d'Ulysse (1641), et surtout son chef d'oeuvre Le couronnement de Poppée (1642). Après un ultime voyage à Crémone et à Mantoue, il mourut le 29 novembre 1643 à Venise, qui lui offrit des funérailles grandioses. Néanmoins, sa musique ne tarda pas à sombrer dans l'oubli, et c'est au compositeur italien Gian Francesco Malipiero que l'on doit la vraie résurrection de cette oeuvre immense, intégralement publiée en seize volumes entre 1926 et 1942.


   Lorsque, il y a quelques années, j'ai commencé mes recherches, sur Marc-Antoine Charpentier (1643-1704), j'ai trouvé un champ d'investigation très vaste, une terre quasiment vierge à explorer, face à un homme d'une discrétion rare, et à une œuvre immense que l'on commence seulement à découvrir. Relater l'expérience de Charpentier, rendre compte de sa production musicale multiple et variée, conservée pour la plus grande partie à l'état de manuscrits, fut une entreprise porteuse de grandes joies mais aussi de mystères parfois incontournables.

   La carrière de Charpentier s'étendit sur près de trente-cinq ans : de 1670 environ, jusqu'à sa mort en 1704. Durant toutes ces années, il ne cessa de composer à la demande d'importants personnages tels que Mademoiselle de Guise, le Dauphin, ou de commanditaires privés occasionnels comme le peintre Le Brun. Il fit entendre ses œuvres dans les lieux les plus prestigieux de la Capitale : le Palais-Royal, l'église Saint-Louis des jésuites, le collège Louis-le-Grand, la Sainte Chapelle, adaptant chaque fois ses compositions aux circonstances, au milieu d'où provenait la commande. Ainsi naquirent danses et pantomimes pour les comédiens français, tendres pastorales pour les chanteurs de l'hôtel de Guise, messes et grands motets pour les jésuites, monodies austères pour Port-Royal...

   Mais cette activité rayonnante et multiforme se développa toujours, ou presque, loin de la cour, de sa puissante et brillante attraction. Pourtant, comme tout grand compositeur de son temps, Charpentier éprouva certainement le désir d'occuper un poste officiel à Versailles ; sa candidature au concours de la Chapelle Royale l'atteste. Mais à la cour régnait, seul maître à bord, Jean-Baptiste Lully. Par son talent, mais aussi par son ambition démesurée, il était parvenu à obtenir toutes les faveurs de Louis XIV, à monopoliser les charges et privilèges, et veillait farouchement à ce qu'aucun autre musicien (surtout s'il possédait quelque génie) ne puisse prétendre à ce qu'il se réservait pour lui seul : la consécration suprême, et la reconnaissance absolue de son Roi et de ses nouveaux compatriotes. On a souvent évoqué la rivalité entre Lully et Charpentier, et souligné le paradoxe de la situation : l'un, d'origine italienne, révélant à l'art français son style et son essence ; l'autre, de souche française, insufflant à la musique de son pays l'émotion et la manière de composer apprises au contact des italiens. Deux musiciens, deux pays, deux esthétiques, deux enjeux fondamentaux, l'un en sortit couvert de gloire, éclipsant l'autre et le vouant à une position subalterne imméritée.

   Mustapha Bouali